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Guide des difficultés de rédaction en musique (GDRM)

Titres d'œuvres et d'ouvrages > Langue des titres et respect de l'orthographe d'origine

La présente page fait valoir l'importance du respect de la langue d'origine des titres tout en indiquant les contextes dans lesquels une plus grande souplesse peut être appropriée. Elle traite aussi des précautions à prendre dans les citations de titres de périodiques.

Langue des titres

Respect de la langue d'origine

Il est souhaitable de respecter le plus souvent possible la langue d'origine, mais de traduire les titres formulés dans une langue utilisant un autre alphabet (p. ex. l'alphabet cyrillique), à moins que le contexte n'exige d'utiliser la forme d'origine. On traduit souvent les titres dans des langues dont l'usage est plus limité du point de vue géographique, comme celles de l'Europe centrale. On peut considérer que, dans un contexte où l'on s'adresse à des professionnels de la musique, les titres en français, en anglais, en allemand et en italien seront compris sans qu'il soit nécessaire de les traduire.

Bedřich Smetana, La Moldau {plutôt que Vltava}
Béla Bartók, Le château du duc Barbe-Bleue {plutôt que A Kékszakállú herceg vára}

On pourra aussi être porté à traduire des titres à mi-chemin entre génériques et évocateurs, comme Ein deutsches Requiem de Johannes Brahms, qui cédera souvent le pas à Un requiem allemand. Le même principe s'applique aux titres de certains ouvrages célèbres, particulièrement dans le domaine des sciences humaines, qui se sont imposés dans leurs traductions.

Eduard Hanslick, Du beau dans la musique : Essai de réforme de l'esthétique musicale {plutôt que Vom Musikalisch-Schönen : Ein Beitrag zur Revision der Ästhetik der Tonkunst}
Immanuel Kant, Critique de la raison pure {plutôt que Kritik der reinen Vernunft}
Max Weber, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme {plutôt que Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalimus}

On peut traduire les titres d'œuvres lorsqu'on rédige des textes destinés à un public non spécialisé dans un contexte comme une conférence, un cours ou une émission de radio ou de télévision. Même dans des cours à l'intention d'étudiants avancés, on peut utiliser une traduction pour éviter le pédantisme, quitte à faire appel à la langue d'origine lors d'une mention plus formelle. On doit évaluer la situation en fonction du public tout en essayant de conserver la langue d'origine.

Il faut cependant éviter de présenter le titre d'un air en traduction, et ce, même si l'on précise aussi le titre dans la langue d'origine; c'est dans cette dernière que l'on entend toujours l'air et elle doit avoir la priorité.

Le contreténor a enchaîné avec l'air « Va tacito e nascosto » [Le chasseur avisé] de l'opéra Giulio Cesare in Egitto de Handel.
Le contreténor a enchaîné avec l'air « Le chasseur avisé » [Va tacito e nascosto] de l'opéra Giulio Cesare in Egitto de Handel.

Mention d'un titre suivi de sa traduction

On peut fournir la traduction d'un titre dans le corps du texte si la chose semble utile. Elle se place alors entre crochets, lesquelles sont en romain comme le texte; le romain est préférable de manière à éviter l'abus d'italique et à bien distinguer la traduction de l'original. Les parenthèses pourraient sembler un choix instinctif, mais les crochets montrent clairement qu'il s'agit d'un ajout et non pas d'une partie du titre.

On présentera la semaine prochaine l'opéra Der ferne Klang [Le son lointain] de Franz Schreker.
On présentera la semaine prochaine l'opéra Der ferne Klang [Le son lointain] de Franz Schreker. {traduction en italique plutôt qu'en romain}
On présentera la semaine prochaine l'opéra Der ferne Klang [Le son lointain] de Franz Schreker. {crochets en italique plutôt qu'en romain}

Dans une bibliographie, le titre doit toujours être dans la langue d'origine. On peut cependant fournir à la suite du titre original une traduction en romain et entre crochets, lesquels montrent qu'il s'agit d'un ajout provenant d'une personne autre que l'auteur. La chose est particulièrement à propos dans le cas des langues que les lecteurs sont peu susceptibles de connaître.

Štědroň, Bohumír. Leoš Janáček v obrazech [Leoš Janáček en images]. Prague : Státni pedagogické nakl., 1958.

Titres populaires

À moins que le contexte ne justifie le respect de la langue d'origine, on peut traduire les titres sous lesquels sont connues les grandes œuvres du répertoire traditionnel, comme les sonates pour piano de Beethoven.

« Clair de lune » { « Au clair de lune », « Au clair de la lune », « À la lune »}
« Pastorale »
« Tempête »
« Les adieux »

On doit cependant conserver les titres qui se sont imposés dans la langue d'origine ou qui doivent être utilisés tels quels parce qu'il s'agit de noms.

« Waldstein »
« Appassionata »
« Hammerklavier »

Précaution relative aux titres trouvés dans des sources en anglais

La prudence s'impose lorsqu'on cite des titres descriptifs ou évocateurs à partir de sources secondaires ou de partitions écrites le plus souvent dans une langue autre que la langue d'origine, habituellement l'anglais. Si on ne veut pas reproduire le titre dans la langue d'origine, généralement parce que le lecteur est peu susceptible de le connaître, on doit le traduire dans la langue du texte. Il faut cependant éviter de rejeter trop rapidement un titre dans une langue autre que celle du compositeur. On trouve des mélodies sur des textes en allemand chez Edvard Grieg (op. 2, 4, 48) et Nicolas Medtner (op. 6, 12, 15, 18, 19, 19a, 46).

Robert Schumann, Kinderszenen ou Scènes d'enfants { Scenes from Childhood}
Edvard Grieg, Bryllupsdag på Troldhaugen ou Jour de noces à Troldhaugen { Wedding Day at Troldhaugen}

Dans le cas d'une langue qui ne s'écrit pas avec l'alphabet romain ou est moins connue, on peut ajouter par courtoisie une translittération suivie de la traduction française entre crochets et en romain.

Sergueï Rachmaninov, Son [Un rêve], op. 38, no 4.

S'il apparaît souhaitable de fournir le titre en caractères cyrilliques, on donne la translittération et la traduction, les deux en romain et entre crochets.

Sergueï Rachmaninov, Здесь хорошо [Zdes khorocho / Il fait bon ici], op. 21, no 7 {Le titre est transcrit selon la pratique usuelle en français; les translittérations ALA-LC et ISO 9 seraient Zdesʹ khorosho et Zdesʹ horošo, respectivement.}

Il faut aussi éviter l'erreur courante consistant à reproduire sans adaptation ni révision les informations relatives aux œuvres utilisées p. ex. dans les génériques de films. Celles-ci peuvent simplement reproduire les informations contenues dans les métadonnées ID3 des bases de données discographiques insérées dans les fichiers MP3 (CDDB, Compact Disc Data Base). En plus d'être toujours en anglais, elles comportent très souvent de nombreuses erreurs, particulièrement pour ce qui est du traitement des majuscules.

Concerto en la mineur pour deux violons, cordes et continuo, RV 523
Concerto In A Minor For 2 Violins, Strings, And Continuo, RV 523

Respect de l'orthographe d'origine

Majuscules : À moins qu'un titre ne fasse partie d'un passage cité qu'on reproduit donc de façon exacte, on peut sans problème appliquer les règles d'utilisation des majuscules choisies pour un texte donné, idéalement les règles modernes.

Source : La Petite Musique de Nuit de Mozart... Utilisation : La Petite musique de nuit de Mozart...

Rétablissement de l'orthographe et des signes diacritiques : Il faut s'assurer qu'un titre trouvé dans une source soit orthographié correctement en plus d'ajouter les signes diacritiques qui auraient été omis par négligence ou ignorance. On respectera la graphie du titre s'il fait partie d'un passage cité, mais on ajoutera [sic] pour attirer l'attention sur l'erreur ou [recte] suivi de la forme correcte. La première forme convient lorsque l'erreur crève les yeux, la deuxième lorsqu'il est préférable de fournir l'orthographe exacte.

Claude Debussy, Berceuse heroique [sic]
Franz Liszt, Études d'exécution transcendantale [recte transcendante]

Titres en ancien français : Il est possible de moderniser les titres si le contexte n'exige pas le respect de l'orthographe d'origine, comme c'est le cas pour un catalogue thématique ou une bibliographie, où il est faut reproduire les sources de façon exacte. On perd cependant le côté pittoresque de l'ancienne orthographe. De toute évidence, dans un programme de concert, on voudra éviter la multiplication des [sic].

François Couperin, La misterieuse; L'intîme

Formes particulières : Il est parfois préférable de conserver une forme fautive pour permettre une recherche bibliographique.

Edna Bentz Woods, Valse phantastique

Particularités de traduction

Différence entre titre d'origine et traduction : Certains titres, tantôt pour des raisons d'euphonie, tantôt pour des raisons de décence ou de réception, possèdent une traduction qui diffère sensiblement du titre d'origine.

Titre d'origine (compositeur) Traduction française
Der fliegende Holländer (Wagner) Le vaisseau fantôme {angl. The Flying Dutchman}
Der Templer und die Jüdin (Marschner) La juive et le templier {Comme l'opéra est peu joué, il n'existe pas de traduction que l'on pourrait considérer comme faisant office de norme, mais l'inversion semble préférable.}
Der Tod und das Mädchen (Schubert) La jeune fille et la mort {Le français inverse les mots.}
Faust (Gounod) Margarethe {L'opéra de Gounod basé sur l'ouvrage de Goethe est parfois appelé du nom du personnage féminin en Allemagne, où l'on est inconfortable à l'idée d'utiliser le nom du héros du poème du grand écrivain.}
La traviata (Verdi) La dame aux camélias {plutôt que La fille dévoyée, qui est la traduction littérale}

Ajout d'un article : Certains titres, le plus souvent en allemand, ne comportent pas d'article initial, lequel est requis en français.

Titre d'origine (compositeur) Traduction française
Götterdämmerung (Wagner) Le crépuscule des dieux
King Arthur (Purcell) Le roi Arthur
Messiah (Handel) Le Messie
Verklärte Nacht (Schoenberg) La nuit transfigurée

Le titre du cycle Winterreise de Schubert pose un problème particulier. Il n'utilise pas l'article, contrairement au groupe de poèmes de Wilhelm Müller qu'il met en musique et dont le titre est bien Die Winterreise. La fréquence avec laquelle on voit le titre du cycle de Schubert précédé de l'article est un reflet de la méconnaissance de la particularité mentionnée plus haut. Voir la remarque au sujet du genre du titre lorsqu'il est utilisé dans un texte en français.

Titres de périodiques

Formes plus ou moins semblables de titres : Il faut respecter l'orthographe d'un titre de périodique étranger dont l'orthographe peut ressembler à son équivalent français.

Etude (périodique américain publié de 1896 à 1957)
Étude (périodique fictif de langue française)

Importance de l'article initial : On doit tenir compte de l'article initial puisqu'il peut s'agir d'un élément permettant de différencier un titre d'un autre très semblable, comme dans les titres allemands et autrichiens suivants. Le sous-titre ou les années de publication sont parfois essentielles pour distinguer les périodiques.

Die Musik (1901-1914, 1922-1943); Musik : Ein Wiener Jahrbuch (1947); Musik (1967-1968); Musik (1971-1985)

Importance du sous-titre : Le sous-titre d'un périodique fournit souvent des renseignements précieux sur son contenu, son orientation esthétique ou l'organisme qui la publie.

Musik-Echo : Zeitschrift für Melodie und Rhythmus (1930-1933)
Orphée : Revue internationale de folklore musical (1953-1956)
Ricordiana : Rivista musicale della Casa Ricordi (1951-1957)

Ville ou pays de publication ou organisme responsable : Lorsque le titre d'un périodique est le même dans plusieurs langues ou est utilisé par plusieurs publications, on doit fournir le sous-titre ou, à défaut, préciser entre parenthèses la ville ou le pays de publication. On peut aussi donner le nom de l'organisme responsable de la publication, particulièrement dans le cas de pays où toute l'activité est concentrée dans une seule ville (p. ex. Paris et Londres). L'information permet de se faire une idée du contenu ou de l'importance de la publication.

Jazz (New York) {titre utilisé par plus de 20 publications}
Courrier musical (Fédération des sociétés musicales de France) {Titre utilisé par six revues; on a aussi recensé sept autres titres commençant par Courrier musical et suivi d'une précision.}

Changements de titres : Dans le cas d'un périodique dont le titre a connu des variantes au cours de son histoire, on donne le titre sous la forme utilisée dans la livraison citée.

Musikblätter des Anbruch (1919-1928) { Musikblätter des Anbruchs; le titre de cette revue s'écrit sans s malgré la règle exigeant l'ajout de cette lettre à un mot décliné au génitif}, Anbruch (1929-1937)
Allgemeine deutsche Musik-Zeitung (1874-1881), Allgemeine Musik-Zeitung (1882-1924), Allgemeine Musikzeitung (1925-1937) {sans trait d'union pour la dernière période}

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Date de dernière modification : 2024-01-19
© Marc-André Roberge 2024
Guide des difficultés de rédaction en musique (GDRM)
Faculté de musique, Université Laval, Québec